[Livres] Heureux les heureux de Yasmina Reza

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Heureux les heureux de Yasmina Reza chez Flammarion (2013).

Yasmina Reza est tout d’abord auteur de théâtre, sa pièce « Art » la fait connaître du grand public en 1994 sur le plan international.

Ses oeuvres sont traduites en 35 langues et ont reçu de nombreux prix comme le Molière de l’auteur en 1987 pour Conversations après un enterrement, pour «Art » en 1995, le Laurence Olivier Award en 1997 pour « Art » également et en 2009 pour Le Dieu du Carnage ainsi que le Grand Prix du théâtre de l’académie française en 2000.

En 2009 elle porte à l’écran sa propre pièce Une pièce espagnole qui devient Chicas au cinéma avec Carmen Maura, André Dussolier et Emmanuelle Seigner.

Après avoir l’avoir mise en scène elle participe aussi à l’adaptation de sa pièce Le Dieu du Carnage. Le film Carnage est réalisé par Roman Polanski et obtient le César de la meilleure adaptation en 2012.

Ce roman se compose de 21 chapitres. Chaque chapitre a pour titre le nom du personnage qui devient aussi le narrateur. Et tous ces personnages ont un lien plus ou moins fort qui les relie qu’il soit familial, amical ou amoureux.

Je ne m’attendais pas forcément à lire quelque chose de gai mais je dois avouer que j’ai été surprise par le ton parfois grinçant employé par Yasmina Reza. Il faut dire que personne n’est épargné, les hommes, les femmes, les jeunes, les vieux, de tous les milieux sociaux chacun en prend pour son grade.

Ce qui est vraiment intéressant c’est ce jeu de miroir lorsque l’on passe d’un narrateur à l’autre, du mari à l’épouse ou de la vision d’un couple d’ami au véritable ressenti de ce même couple jalousé.

Certains chapitres sont criants de vérité, d’autres bouleversants, la plupart nous font sourire à un moment ou à un autre. « Heureux les heureux » pourrait nous faire croire à un happy end mais ce n’est pas toujours le cas et dans certaines histoires le lecteur peut garder un goût amer. L’enseignement que l’on peut tirer de tout ceci, c’est que quelques soient les apparences et ce que nous voulons bien montrer quand nous sommes « en représentation » et bien nous vivons tous avec nos casseroles, nos problèmes, nos doutes, nos secrets, nos « pétages de plomb », notre solitude et finalement ce qui rend heureux ces heureux c’est peut-être d’apprendre à vivre avec tout ça et pas malgré tout ça.

Je n’ai pas choisi l’extrait de la 4ème de couverture car je ne le trouve pas vraiment représentatif du roman, du moins pas assez parlant.

J’en ai choisi deux, qui m’ont principalement marquée, touchée ou fait sourire :

Odile Toscano

« Ensuite, nous sommes dans la salle de bain, tous les deux. Aucune communication. Il se lave les dents, je me démaquille. Il va aux toilettes. Je le retrouve assis sur le lit dans la chambre; il vérifie ses mails sur son Blackberry, il règle son réveil. Puis il se faufile dans les draps et éteint aussitôt la lumière de son côté. Moi je vais m’asseoir de l’autre côté du lit, je règle mon réveil, je m’oins les mains de crème, j’avale un Stilnox, je mets à disposition mes boules Quiès sur la table de nuit, et mon verre d’eau. Je règle les coussins, je mets mes lunettes et m’installe confortablement pour lire. J’ai à peine commencé que Robert, d’un ton soit-disant neutre, dit, éteins s’il te plaît. »

Vincent Zawada

«  En attendant sa séance de radiothérapie à la clinique Torelle Leman, ma mère détaille chaque patient de la salle d’attente et dit, avec une voix à peine contenue, perruque, perruque, pas sûr, pas perruque, pas perruque… Maman, maman, moins fort, je dis, tout le monde t’écoute.

[…] Retournée à son observation, elle baisse à peine la voix pour dire, celle-là elle ne passera pas le mois, je ne suis pas la plus vieille, remarque, ça me rassure… »

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